La naissance de l’association
Fondé en 1944, le Siècle traduit au départ le désir d’une poignée d’hommes et de femmes de fonder un lieu de rencontre et de discussion indépendant. Projet simple et ambitieux, l’association s’inscrit dans la durée grâce à la volonté des membres du Siècle d’échapper aux ornières des positions politiques et idéologiques. Au demeurant, il n’aurait ni existé, ni perduré sans la conviction et l’énergie communicative de son concepteur Georges Bérard-Quelin qui fonda l’association et la marqua durablement de son empreinte pendant 46 ans.
Dans l’après-guerre, où les associations et les clubs sont marqués par un engagement politique prononcé, Le Siècle apparaît comme une institution singulière. L’association s’abstient de toutes querelles d’ordre idéologique et s’interdit de s’afficher sur la place publique en publiant, comme il est d’usage à l’époque. Il n’y a aucune doctrine, prise de position politique, pétition au Siècle. Il affiche son indépendance politique et revendique un recrutement diversifié.
Parmi les participants aux premiers dîners de l’association, on remarque des personnalités aussi diverses que Edgar Faure, Michel Debré, Pierre Mendès France, François Mitterrand, André Philip, Robert Marjolin, Georges Bidault, ou Lucie Faure et Madeleine Lagrange (veuve de Léo Lagrange).
Les dîners mensuels du Siècle au commencement
Les dîners mensuels que Georges Bérard-Quélin partage avec ses amis deviennent progressivement un lieu d’échanges entre des femmes et des hommes engagés dans la vie de la Cité, appartenant à différentes classes d’âge, catégories professionnelles ou écoles de pensée, mais qui sont tous convaincus de la nécessité de construire un espace démocratique de discussion dans la société. Ces dîners sont au cœur même de son fonctionnement et se doivent de répondre à des règles strictes. Les conventions doivent être respectées que ce soit au Nouveau Cercle, boulevard Saint-Germain, face au Palais Bourbon, où se tenaient autrefois les dîners, ou aujourd’hui dans les locaux de l’Automobile Club de France, place de la Concorde.
Les dîners s’articulent autour de plusieurs séquences. Les convives sont d’abord conviés à l’apéritif, moment où se nouent les premières conversations. Ils sont répartis entre une quarantaine de tables de 7 à 8 personnes. Ils ne sont informés de la composition de leur table qu’au moment de leur arrivée et chaque table est composée de manière à mélanger des gens d’horizons les plus divers. A chaque table s’engage alors une conversation spontanée ou plus organisée selon que les convives se connaissent ou non. Cette conversation est animée par un président de table qui veille à ce que chacun puisse s’exprimer. Tous les sujets sont évoqués. La règle de la confidentialité permet que les propos soient échangés avec une grande liberté de ton, en dehors des discours officiels, et vise à éviter qu’ils ne soient rapportés déformés ou sortis de leur contexte.
La désignation des nouveaux membres
L’intégration régulière de forces vives, des jeunes et le renouvellement des membres assurent la pérennité de l’association. Le Conseil s’efforce de promouvoir un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes, de rechercher des personnes provenant de secteurs moins représentés au sein de l’association.
Le Siècle accorde également une attention toute particulière aux qualités d’ouverture intellectuelle et de courtoisie des candidats, conformément à l’esprit qu’il souhaite insuffler.
Pour être recevable, chaque candidature doit être présentée par deux parrains. Une fois le nom de l’invité retenu, le nouveau venu est convié à plusieurs dîners et sa conduite doit être conforme aux règles et à l’esprit de l’institution Ce n’est qu’après plusieurs mois de participation que le Conseil d’administration pourra statuer sur une éventuelle admission comme membre actif. La décision doit être consensuelle et collégiale (un vote contre annule deux votes pour).